Communiqué de presse commun de PSR/IPPNW et de la Fondation suisse pour l‘énergie : 35ème commémoration de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Ukraine, le 26 avril 1986
« Tchernobyl » a ébranlé la confiance mondiale dans l’industrie nucléaire. L’hémisphère nord a été massivement irradié par une énergie équivalente à plus de 200 bombes d’Hiroshima. Les principales victimes étaient – et sont encore – la population d’Ukraine, de Biélorussie et d’autres états de l’ancienne URSS. La Suisse, très éloignée de l’Ukraine, fut également touchée par les retombées radioactives : des morts par cancers, des maladies et une mortalité infantile en sont la conséquence. La Fondation suisse pour l’énergie et PSR/IPPNW demandent aux autorités suisses de prendre en considération les effets à long terme des radiations ionisantes, et de les intégrer dans la jurisprudence sur la radioprotection.
Qui sont les victimes d’irradiations ?
Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) la dose totale incorporée par la population suisse suite à Tchernobyl, essentiellement par la nourriture, est d’environ 3500 Sievert (soit 0.5 Millisievert par personne). Certains effets sévères sur la santé n’apparaissent qu’après des années. Contrairement à d’autres accidents, les victimes d’irradiation ne sont pas individuellement identifiables, mais des études épidémiologiques soigneuses permettent d’en évaluer le nombre [1]. Des recherches indépendantes de ces deux dernières décennies démontrent qu’en Suisse il faut admettre plusieurs milliers de victimes des radiations. Les autorités internationales de radioprotection, dont les normes s’appliquent aussi en Suisse, ne considèrent pas suffisamment de tels faits.
Les graves maladies radio-induites en Suisse
L’OFSP signalait en 2005 déjà que Tchernobyl allait induire des centaines de cas de cancers en Suisse. Selon nos connaissances actuelles il faut estimer à au moins 400 le nombre de morts par cancers, et le même nombre par infarctus ou apoplexie, effets à long terme des radiations. L’accumulation de telles sévères maladies radio-induites a été constatée pour la première fois chez les 800’000 liquidateurs de l’accident de Tchernobyl.
Mortalité élevée chez les nourrissons et les petits enfants.
De nouvelles études mettent en évidence des troubles de la reproduction suite à Tchernobyl, effets encore peu connus. En Suisse, comme en Europe, on peut démontrer une augmentation de la mortalité précoce. Il y a aussi une augmentation statistiquement significative de la mortalité infantile durant la première année. La mortalité des nourrissons a augmenté de plus de 10% en Suisse depuis 1987. Durant les sept premières années suivant l’accident – lorsque la radiation était maximale – ceci représente plus de 400 enfants morts avant le premier anniversaire. D’autres études montrent que plus de 3200 grossesses manquent depuis 1986 – vraisemblablement des fausses couches précoces.
Tous ces résultats sont l’expression des risques génétiques des faibles doses de rayonnements – soit une dose de moins de 100 Millisievert par personne. Ce qui montre qu’il n’y a pas de dose insignifiante, aussi faible soit elle.
PSR/IPPNW et la Fondation suisse pour l’énergie demandent au Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, le DETEC, d’intégrer ces données dans les lois de radioprotection.
Bibliographie:
[1] Hauptmann M, D Daniels R D, Cardis E, et al. Epidemiological Studies of Low-Dose Ionizing Radiation and Cancer: Summary Bias Assessment and Meta-Analysis. JNCI Monographs, Volume 2020, Issue 56, July 2020, Pages 188–200, https://doi.org/10.1093/jncimonographs/lgaa010
À contacter:
Membre du comité PSR/IPPNW Suisse | Leiter Fachbereich Atomenergie SES |
Dr. Claudio Knüsli FMH innere Medizin / Onkologie +41 79 435 90 72 sekretariat@ippnw.ch | Simon Banholzer, 076 420 90 05 simon.banholzer@energiestiftung.ch |
Documents de fond No ° 1 à 5 supplémentaires Augmentation du nombre de mort-nés et de la mortalité infantile : les dommages génétiques causés par les rayonnements ionisants de Tchernobyl se manifestent également en Suisse. Dégâts radio-induits aux patrimoines héréditaires suite aux accidents de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011) Tenants et aboutissants de la gestion de la crise de Tchernobyl, point d’étape au 26 avril 2021. Tchernobyl il y a 35 ans – Des souvenirs pour l’avenir Une catastrophe nucléaire tricotée à la main – c’est aussi possible en Suisse Vous trouvez les documents de fond ici |